I.1 : Création du vivant
Tout d’abord, commençons par les créateurs qui affirment que le hasard a sa place dans la création. Cette création peut concerner le vivant, comme la création de l’Homme. Elle peut être insufflée par une force naturelle et étudiée par les scientifiques (donc le vivant sous la forme naturelle, comme vous et moi), ou bien insufflée par l’Homme dans ses écrits (donc le vivant dans la forme fictive, avec des personnages), et tout cela avec une certaine forme de hasard.
Dans la création de la vie naturelle, nous pouvons d’ores et déjà confirmer une part de hasard notamment dans la création de l’Univers. En effet, l’Univers a pu être créé seulement grâce à des conditions d’évènements combinés à un moment extrêmement précis, sans quoi, absolument rein n’aurait pu exister. (Au moment du Big Bang, on avait donc une densité propice à cette création, les bonnes charges électriques, qui permettent donc l’apparition de l’Univers et donc de la vie.)
Image optique de la nébuleuse du Crabe, phare du ciel Gamma du CNRS
Cette création de la vie, comprend elle-même une forme de hasard : en effet, lors de la reproduction humaine, un nombre infime de spermatozoïdes sont libérés. Seul l’un d’entre eux formera la cellule-oeuf avec un ovule parmis tant d’autres, pour créer à la fin un être vivant avec les caractères de la mère et du père. Si le spermatozoïde était un autre spermatozoïde, ou si l’ovule était un autre ovule, le nouveau né aurait été totalement différent, car l’information n’aurait pas été la même.
Puis, tout au cours de notre vie, l’organisme est en perpétuel changement en raison, entre autres, de mutations. Il existe 3 types de mutations, par substitution lorsque l’on modifie un nucléotide avec un autre nucléotide, délétion lorsque l’on supprime un nucléotide de la séquence et addition lorsque l’on rajoute un nucléotide à la séquence. Elles apparaissent de manière spontanée ou parfois à cause d’agents mutagènes. Ces mutations spontanées sont aléatoires et imprévisibles (elles sont d’environ 10-6 chez l’Homme), et une infime quantité n’est pas réparée par le système de réparation, ce qui va aboutir à l’apparition d’allèles. Cela va donc conduire à la diversité des espèces mais aussi la diversification d’une espèce. Toutes ces allèles va faire apparaître de nouveaux gènes au sein d’une population et la propragation de ces différents caractères serait à l’origine de l’évolution des espèces.
Photographie de Charles Darwin
Ainsi Charles Darwin, un naturaliste, lance des théories sur l’origine des espèces et de la possibilité de l’existence d’un ancêtre commun à toutes les espèces. En effet, pour lui, les espèces sont en perpétuelle évolution. Les individus sont capables naturellement de varier avec des mutations aléatoires qui entraînent l’apparition d’allèles au sein d’une même population. Si les conditions de vie chez les populations changent radicalement, et que ces deux populations d’une même espèces possèdent des allèles très différents, alors cela peut aboutir à l’apparition d’une nouvelle espèce. On appelle donc cela la dérive génétique, due d’une manière à une part de hasard lors des mutations.
Dessin tiré du carnet de Charles Darwin sur sa réflexion sur l'évolution
Schéma de la dérive génétique et sélection naturelle
Celles-ci peuvent également causer des avantages ou des désavantages au sein d’une espèce, alors les individus ayant des mutations favorables survivront et se reproduiront en transmettant cet allèle aux générations futures, alors que ceux ayant une mutation défavorable (causant par exemple une maladie), auront moins de chances de se reproduire et ne transmettront pas leurs caractères qui tendront à disparaître pour celui avantageux. Ce principe est appelé la sélection naturelle.
Les "pinsons de Darwin" que celui-ci a étudié lors de son voyage sur les îles Galapagos à bord du Beagle, et où il a commencé à développer ses théories sur l'évolution.
Paul D. STEWART/SCIENCE PHOTO LIBRARY/CORBIS
Ces théories ont été soutenues par des prédécesseurs comme Jean-Baptiste Lamarck, Charles Lyell, qui croient donc à une certaine forme d’aléatoire dans l’origine de la vie et des espèces.
Jean-Baptiste Lamarck
Charles Lyell
En outre, au XXe siècle, l'évolution des espèces était encore un sujet d'actualité, notamment avec le biologiste Jacques Monod, qui rédige un essai intitulé Hasard et Nécessité sur les avancées en génétique avec l'ARN messager, l'ADN, le code génétique, l'épigénétique (développement d'un embryon à partir d'une graine avant de devenir une organisme plus complexe avec des multiplications), et qui conteste le vitalisme (théorie selon laquelle un organisme ne se limite pas aux lois physico-chimiques mais possède une force vitale à l'origine de la matière) et le prédéterminisme.
Jacques Monod
L'évolution de la girafe selon Lamarck
Néanmoins, il existe des points de discorde entre Darwin et Lamarck. En effet, ce dernier affirme que le cou des girafes s'est allongé alors que Darwin parle de sélection naturelle.
Ensuite, d’un point de vue de la création fictive dans les écrits littéraires, on retrouve aussi une forme de hasard.
D’après Köhler, le hasard est présent dans le monde fictif, en particulier dans le genre romanesque, dans la mesure où il y a souvent une recherche de la reproduction de la réalité, avec des personnages précis, qui se rencontrent dans un endroit d’une manière aléatoire. Par exemple, un homme et une femme qui se rencontrent devant une église, cela relève d’une forme de hasard calquée de la réalité : une rencontre inattendue dans un endroit inattendu. (Par exemple : dans Une Passante de Baudelaire, on a une rencontre inattendue entre 2 personnages dans la foule de la ville.)
Le théoricien affirme également que le hasard se retrouve chez ces personnages fictifs, et que ces derniers savent en tirer profit : dans Le Paysan Parvenu de Mariveaux, le héros sait tirer du hasard des faits des avantages pour réussir sa carrière. Il affirme que c’est le hasard qui conduit le destin des personnages et non Dieu, notamment dans La Nouvelle Héloïse de Rousseau où il dit que c’est le hasard qui a fait mourir le protagoniste.